Faire sortir la Nature de l’ordinaire, une belle idée avec les Conservatoires botaniques dans le Massif central
Le Commissariat à l’égalité des territoires du Massif central a été étroitement associé à l’élaboration du dossier de renouvellement agrément du CBN Massif central en 2016. Dans cet élan de réflexion prospective, Frédérique Gomez, la Commissaire de Massif, a souhaité que les trois Conservatoires botaniques nationaux intervenant sur le territoire se mobilisent pour réfléchir au services rendus par les Conservatoires au territoire et notamment à la place de la biodiversité et à ses liens avec les acteurs socio-économiques.
Ce projet, nommé « La biodiversité végétale du Massif central au risque de l’innovation - horizon 2025 » a consisté à chercher des pistes innovantes de développement pour le Conservatoire botanique national (CBN) du Massif central, ses partenaires territoriaux et les 3 autres CBN qui œuvrent dans le même sens sur le territoire du Massif au sens de la Loi Montagne, à savoir le CBN du Bassin parisien pour le Morvan, le CBN méditerranéen de Porquerolles pour la partie Lozère, Gard et Hérault, le CBN Pyrénées Midi-Pyrénées pour la partie Aveyron et Lot.
Il s’agissait de s’appuyer sur les ressources et besoins du territoire, en croisant les regards, les approches et les attentes de différents interlocuteurs qu’ils soient habituels (pour ces structures) ou nouveaux et proposer une feuille de route novatrice pour engager une nouvelle dynamique sur le territoire du Massif central alliant biodiversité et développement harmonieux des territoires et des populations.
Cette réflexion a été animée fin 2017 par le bureau d'étude prospectiviste "La Belle Idée" à travers deux séminaires durant lesquels les participants qu’ils soient issus des CBN, de leur environnement professionnel, mais aussi de métiers et structures complètement différents, se sont exprimés et ont pu donner leurs idées. Les échanges ont, en premier lieu, mis en exergue la faible notoriété des CBN et (la méconnaissance générale) de leurs missions, mais aussi leurs difficultés à coordonner leurs actions à l'échelle du Massif central. Leur politique de communication a été jugée trop faible au regard des enjeux actuels. Ces constats posés, les échanges ont permis de mobiliser l’intelligence collective des participants pour imaginer l’élargissement des champs d’intervention des CBN...
Les messages suivants ont été entendus : les Conservatoires devraient passer d’une position de producteurs de connaissances localisées, à une position d’experts capables d’apporter des analyses de situation, notamment territoriales, de construire des cahiers de charges de bonnes pratiques, de proposer une vision et des préconisations au regard des grands enjeux de notre société. Santé, bien-être, alimentation, agriculture responsable, changement climatique, nature en ville sont quelques-uns des thèmes nécessitant un changement fort de positionnement des CBN et où la place de la diversité végétale est de plus en plus questionnée. Bien qu'en décalage avec les missions conventionnelles des CBN, les participants ont imaginé, pour chacun de ces thèmes, des actions originales et susceptibles d'interpeler les décideurs publics et mobiliser pleinement les citoyens.
La création de cours de botanique et de nombreux évènements culturels et médiatiques utilisant le végétal comme support, la sollicitation du public dans le cadre de démarches participatives d'inventaire le long des grands itinéraires (randonnée, rallye...) ou encore la création de réserves de silence ou de méditation sur les espaces naturels protégés, sont quelques-unes des idées avancées pour remobiliser les citoyens autour de la biodiversité et faire sortir la nature de l'ordinaire.
Ce séminaire a permis de repenser les stratégies des CBN. Pour accéder à une véritable dimension nationale et répondre aux enjeux de société sur le rapport Homme-Nature, les Conservatoires doivent être capables de formuler une politique plus largement ouverte sur la biodiversité mais aussi sur les besoins de la société. Ces nouveaux apports doivent être adossés à une démonstration de la capacité à produire ensemble des observations, des recommandations et à accompagner de bonnes pratiques. C'est dans cet esprit que les 4 CBN intervenant sur le Massif central signeront prochainement une convention de coordination biogéographique précisant les modalités de leurs intervention conjointes à l'échelle du Massif.
À suivre...
