Mares temporaires du plateau du Coiron, épisode 2

Cette année encore, les prospections botaniques sur le plateau basaltique du Coiron ont été particulièrement fructueuses. En 2007, Ombeline Ménard signalait la présence d’une très belle mare à Crassula vaillantii et Lythrum thymifolium sur la commune de Saint-Martin-sur-Lavezon (Comptes rendus de la Société Botanique de l'Ardèche n°52, 2007). C’est lors d’une nouvelle visite du site, ce printemps, que les botanistes du CBN Massif central ont eu le plaisir d’y découvrir une plante jusqu’alors présumée disparue de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la Menthe des cerfs (Mentha cervina). Cette espèce ouest-méditerranéenne était mentionnée dans quelques annexes du Rhône (secteurs de Valence, Vienne, Saint-Alban-du-Rhône) avant l’aménagement du fleuve pour la navigation et la production électrique. La population observée dans le Coiron occupe une superficie de quelques dizaines de mètres carrés seulement et la localité la plus proche est située à près de 50 km, en région Occitanie. Elle est par conséquent fragile à toute modification de son environnement, même si pour l’heure, les pratiques agropastorales extensives sur ce site paraissent favorables au maintien en bon état de conservation de la population.
Il convient également de noter la découverte du Myosotis de Sicile (Myosotis sicula) sur les communes de Saint-Pierre-la-Roche (où nous avions déjà mis en évidence une population de Renoncule à fleurs latérales et de Salicaire du Dniepr) et Rochemaure (dont les effectifs s’élèvent à plus d’un millier d’individus). Inscrite dans la catégorie En danger critique d’extinction [CR] de la liste rouge de la flore vasculaire de Rhône-Alpes, cette espèce n’était connue que d’une seule localité du Bas-Vivarais (Ardèche), isolée des populations du Languedoc (plaine de Béziers, Roque-Haute, plaine de Perpignan, plateau de Rodès), de la Corse et du littoral atlantique.
Comme l’indiquait Gabriel Tallon (1967) à propos des mares temporaires de la Costière nîmoise et après plus de 15 ans d’herborisation dans ces milieux « la liste des espèces des laquets à Isoetion n’est jamais définitivement close, et on peut toujours espérer voir apparaître ou réapparaître une espèce caractéristique de ces groupements ». D’autant que l’année 2019, anormalement sèche au printemps, n’offrait pas les conditions climatiques optimales pour l’expression des cortèges amphibies annuels et que toutes les mares du plateau du Coiron n’ont toujours pas fait l’objet de prospections botaniques. Alors peut-être trouverons-nous d’autres espèces caractéristiques des mares temporaires méditerranéennes ces prochaines années : Isoetes setacea, I. velata, Exaculum pusilum, Elatine gussonei, Damasonium polyspermum, Juncus pygmaeus … ?

Nicolas BIANCHIN & Aurélien LABROCHE (CBN Massif central)