Découverte de Carex hartmanii pour le département du Cantal

La Laîche de Hartman (Carex hartmanii Cajander, 1935) est une espèce de Laîche ressemblant à s'y méprendre à la Laîche noire (Carex nigra) beaucoup plus commune. Mais si l'on y regarde de plus près, on observe des différences notables au niveau des épis supérieurs, de la bractée de la base de l'inflorescence ainsi qu'au niveau des écailles femelles et des utricules ; C. nigra porte deux stigmates tandis que C. hartmanii en présente trois. Elle peut se confondre également avec la Laîche de Buxmaum (Carex buxbaumii Wahlenb., 1803), autrefois considérée comme une sous-espèce (sous le nom de Carex buxbaumii subsp. hartmanii (Cajander) Domin, 1935).
En France, cette espèce rare, protégée au niveau national, est considérée comme "quasi-menacée" sur la liste rouge nationale, et "En danger de disparition" en Auvergne et Rhône-Alpes. Un bastion est connu le long des rives du Cher, au niveau de la région Centre-Val de Loire. Elle semble ailleurs beaucoup plus disséminée. Dans le Massif Central, elle est connue dans le Meygal en Haute-Loire, ponctuellement en Ardèche, dans le Rhône et dans la Loire.

À l'occasion de la réactualisation de la cartographie des habitats naturels du site Natura 2000 du marais du Cassan et de Prentegarde (15), la Laîche de Hartman a été découverte par le Conservatoire d'espaces naturels d'Auvergne, dans une prairie de fauche inondable en bordure d'un petit cours d'eau, dans un complexe de milieux exceptionnels, à flore très diversifiée. La population semble bien se maintenir sur le site avec des effectifs assez importants, grâce à des pratiques agricoles extensives (fauche tardive et absence de fertilisation). Une meilleure caractérisation de la station serait souhaitable ainsi qu'une recherche d'autres stations dans des zones potentiellement favorables proches du secteur observé.
En parallèle de cette découverte, une station d'Oenanthe faux boucage (Oenanthe pimpinelloides L., 1753) a été découverte dans une prairie de fauche à proximité. Cette espèce, connue du département du Cantal, est également exceptionnelle pour l'Auvergne.
Sylvain Pouvaret, Chargé d'études CEN Auvergne
Carte régionale de répartition : https://pifh.fr/donnees/fiche_descriptive/OuvrirFicheDescriptive/88561-0