Mares temporaires du plateau du Coiron, épisode 3

Le Trèfle anguleux, une nouvelle espèce pour l’Ardèche
Depuis plusieurs années, le Conservatoire botanique national du Massif central (CBN Massif central) mène un suivi des populations de Renoncule à fleurs latérales dans le cadre de son plan biogéographique d’action et de conservation (NICOLAS 2014). C’est lors de nouvelles prospections, le 18 mai 2020, sur le site de la plaine du Regard (plateau basaltique du Coiron, en Ardèche), que nous avons observé un trèfle jusqu’alors inconnu pour le département : Trifolium angulatum s’ajoutant ainsi à la longue liste de découvertes botaniques (voir nos articles du 04/11/2019 et du 23/11/2018)
Cette espèce de répartition essentiellement centre-européenne, a été signalée pour la première fois en France par de Candole en 1815 d’après une récolte de Salzmann, au Bois de Grammont près de Montpellier, puis par Gabriel Tallon dans la Costière nîmoise (TALLON 1967). Ces localités de la région méditerranéenne ont malheureusement disparu aujourd’hui et les seules mentions récentes de cette plante se limitent pour l’hexagone aux chaninats de la plaine du Forez dans le département de la Loire (KESSLER 2014), au sein et à proximité de prairies subhalophiles à Festuca pulchra, ainsi que dans les prairies arrières littorales des marais bretons et poitevins, sur la façade atlantique (CHAGNEAU & THOMASSIN 2017).
Sur la plaine du Regard, Trifolium angulatum s’exprime dans des prairies humides en bordure de mares temporaires, en compagnie de nombreux autres trèfles (T. micranthum, T. strictum, T. striatum, T. squamosum, T. subterraneum, T. dubium), c’est-à-dire au sein de communautés végétales très proches de celles observées par Gabriel Tallon dans la Costière nîmoise. La composition des basaltes, riches en éléments minéraux, permet certainement l’expression de cette espèce habituellement inféodée aux prés salés.

Bien que relativement abondante sur le site, puisqu’entre 1 000 et 10 000 individus ont été comptabilisés en 2020 (les fluctuations interannuelles des effectifs seront cependant à préciser dans l’avenir), elle n’a été observée qu’en deux petites zones couvrant au total moins de 500 m². Sa rareté pourrait expliquer qu’elle n’ait pas été observée avant sur ce plateau dont l’intérêt est reconnu depuis plus de 20 ans (MANDIN & HUGONNOT 2001).
Le Conservatoire d'espaces naturels Rhône-Alpes (CEN Rhône-Alpes) gère le site depuis 2008 en accord avec les propriétaires. Le secteur des mares temporaires est habituellement pâturé de manière extensive de juillet à mi-mars par des chevaux et ovins, puis maintenant par des bovins) tandis qu’une partie est fauchée fin juin (sans intrants).
Nicolas BIANCHIN (CBN Massif central) & Virginie PIERRON (CEN Rhône-Alpes)
Consultez également nos précédentes observations sur le plateau du Coiron :
Une nouvelle mare temporaire sur le plateau du Coiron...
Mares temporaires du plateau du Coiron, épisode 2
BIBLIOGRAPHIE
- CHAGNEAU D. & THOMASSIN G., 2017 - Observations récentes sur la répartition et l'écologie de Trifolium angulatum Waldst. & Kit. en France ; discussion sur son indigénat en Pays de Loire. Echos du Réseau pour l'Inventaire et la Cartographie Armoricaine-2017 (Bulletin de Echos du Réseau pour l'Inventaire et la Cartographie Armoricaine), 31 : 31-38
- KESSLER F. 2014 - Sur l'observation récente de Trifolium angulatum Waldst. & Kit. dans le département de la Loire (43). Journal de Botanique, Société botanique de France, 67 : 3-8
- MANDIN J.-P. & HUGONNOT V., 2001 - Présence de mares temporaires méditerranéennes en Ardèche (France). Journal de Botanique, Société botanique de France, 16 : 61-70
- NICOLAS S., 2014. - Plan biogéographique d’action et de conservation de Ranunculus lateriflorus DC. Conservatoire botanique national du Massif central / Département de la Haute-Loire, 60 p.