Une étude pour évaluer l’impact du prélèvement du Genévrier cade sur les milieux naturels et sur sa ressource

Une étude pour évaluer l’impact du prélèvement du Genévrier cade sur les milieux naturels et sur sa ressource a été réalisée par le CBN Massif central, en Ardèche. Le Genévrier cade entre dans la composition d’une gamme de produit cosmétique pour homme développée par le groupe l’Occitane.
La réalisation de cette étude a été financée par L’Occitane dans le cadre d’un partage des avantages (protocole de Nagoya) lié à sa filière d’exploitation du Cade ardéchois, utilisée pour produire l’huile essentielle de la gamme Cade.
Le protocole de Nagoya constitue un cadre juridique international qui règlemente l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (APA). Il permet de lutter contre la bio-piraterie, c’est-à-dire l’accaparement de ressources biologiques ou génétiques (issues de végétaux, animaux ou micro-organismes) et des savoirs traditionnels qui leurs sont associés, sans l’autorisation des populations autochtones.
En France, cette réglementation s’applique dès lors que des activités de Recherche & Développement sont conduites sur du matériel végétal sauvage (non cultivé), et que ces activités aboutissent à une commercialisation des produits issus de la R&D. Et c’est à cet égard que l’Occitane et le CBN ont étudié les procédés d’exploitation du Genévrier cade, en Ardèche.
Le Genévrier cade, également appelé Genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus), est un arbuste ou arbrisseau d’1 à 10 mètres de hauteur, largement répandu sur le pourtour méditerranéen. Il est plus fréquent sur les sols calcaires et s’observe dans les garrigues, maquis et fourrés méditerranéens. Il croît lentement et possède une longévité élevée.
La présence de cette espèce dans le paysage tient au maintien d’une proportion équilibrée de milieux ouverts (garrigues) et fermés (boisements), et par conséquent à un équilibre entre les activités pastorales et sylvicoles. Si l’abandon des pratiques agropastorales aboutit à la fermeture du milieu et à l’évolution naturelle du fourré à cade vers la chênaie, l’ouverture des milieux (par débroussaillage, fauche, pâturage…) entraîne, au contraire, une évolution naturelle des fourrés à cade vers des milieux ouverts herbacés de types pelousaires.
L’huile de cade, extraite à partir de l’exploitation du bois, est utilisée de nos jours pour ses vertus cicatrisantes, antiseptiques et désinfectantes, mais aussi en cosmétique. Le Genévrier cade de la filière de L’Occitane, bio et équitable, est prélevé en Ardèche, distillé dans la Drôme, puis commercialisé par l’Occitane. Le Genévrier cade est par ailleurs prélevé dans d’autres secteurs du pourtour méditerranéen par d’autres acteurs. En Ardèche, la collecte du cade se fait lors de travaux de débroussaillage. Du bois de 10 à 15 cm est alors coupé, séché, puis broyé. Il part ensuite à la distillerie où l’huile essentielle est extraite des copeaux.
Or, à travers l’exploitation du Cade, outre la préservation du Genévrier par le maintien de milieux diversifiés, c’est la préservation de toute une faune et une flore diversifiées et associées aux fourrés à cade, aux pelouses sèches méditerranéennes, aux chênaies et à leurs milieux de transition qui est en jeu.

Dans le cadre de cette étude, le CBN a élaboré un protocole de récolte pour assurer la préservation de la ressource à long terme et la régénération des individus (lien de téléchargement fiche méthode de prélèvement durable). Aujourd’hui, ce prélèvement entre dans une valorisation de produits issus de débroussaillage partiel et ne semble donc pas faire l’objet de prélèvements abusifs. Il faudra toutefois surveiller l’engouement de cette filière à l’avenir.
Une réunion organisée à Saint-Remèze (Ardèche) en 2023, afin de présenter les résultats de l’étude du CBN Massif central, a permis de recueillir les retours d’expériences de différents acteurs de la filière (cueilleurs représentés par l’Association Françaises des Cueilleurs, distillerie et laboratoire M&L du groupe l’Occitane), et le point de vue des gestionnaires de milieux naturels en Ardèche et naturalistes (syndicat des gorges de l’Ardèche, Association Païolive, la Société Botanique d’Ardèche, la FRAPNA 07, l’ONF, la Fédération de Chasse 07, l’EPT du Bassin Versant de l'Ardèche et la Communauté de Communes Pays des Vans en Cévennes). Des compléments précieux ont pu être apportés à l’étude lors de cette rencontre.

Photo de couverture : © L'Occitane en Provence