René Delpech

Je me souviens de nos premiers échanges autour de la place de la phytosociologie en France sur le quai de la gare de Strasbourg à l’occasion du Colloque international de phytosociologie de 1982 sur les pelouses ; c’était l’époque où la phytosociologie française bannie de la recherche universitaire et agronomique entrait dans une sombre période, où ceux qui portaient encore haut et fort cette discipline osaient le faire dans un environnement institutionnel de plus en plus hostile et rétif. Passionné de pastoralisme et d’écologie végétale, il avait quelque peu ce côté « René Dumont » de l’écologie des prairies qui nous séduisait, à la fois dans la forme et sur le fond nourri d’approches transverses agronomiques, botaniques, écologiques et phytosociologiques. Il avait été, à la fin des années 80, à l’initiative et président du GEREP (Groupe d’études et de recherche sur l’écologie des prairies) qui se voulait à l’image de cette vision multidisciplinaire des milieux prairiaux. J’ai encore en mémoire les échanges et débats de ce groupe qui préfiguraient, en quelque sorte, les approches multifonctionnelles développées récemment sur les prairies du Massif central… Il était de ce petit noyau de phytosociologues qui, convaincus de l’avenir de la phytosociologie en France, ont mis de côté leurs divergences, sans perdre pour autant leurs convictions, pour publier en 2004 le Prodrome des végétations de France, dont on connaît à la fois le succès et l’impact sur le développement actuel de cette discipline.
De tous ces moments passés avec René autour de la botanique et de la phytosociologie prairiale, nous conservons un souvenir profond et la lumière brillante de cet Homme de sciences.
V. BOULLET (CBN Massif central)