Aloina bifrons (De Not.) Delgad.
Nouvelle localité: 27 février 2014, Puy-de-Dôme, Montpensier, 434 m (C. sp.)
Aloina bifrons est une espèce bipolaire. Dans l’hémisphère sud elle est signalée en Australie (Catcheside, 1980), Afrique du Sud (O’Shea, 1995) Nouvelle Zélande (Fife, 1995). Elle est plus largement répandue dans l’hémisphère nord, depuis l’Amérique du Nord (Delgadillo in Flora of North America Editorial Committee, 2007; Gallego et al., 1999), l’Amérique centrale (Delgadillo in Sharp et al., 1994), le sud-ouest de l’Asie (Kürschner & Frey, 2011), l’Afrique du Nord (Ros et al., 1999) et l’Europe méridionale (Gallego et al., 1999). C’est un élément rare de la flore européenne, connu seulement en Espagne et en Sardaigne (Ros et al., 2013). Les Pays catalans constituent actuellement la limite nord de l’espèce en Europe. Il s’agit non seulement d’une espèce nouvelle pour la France mais dont la présence en Auvergne permet d’étendre l’aire connue de l’espèce au domaine tempéré.
En Auvergne Aloina bifrons croît sur des affleurements de calcaire pulvérulent contenant des traces de gypse. La surface totale occupée par cette espèce est très faible, de moins de 2 m². Les espèces associées sont notamment : Acaulon triquetrum, Bryum argenteum, Bryum dichotomum, Didymodon cordatus, D. rigidulus, D. vinealis, Pterygoneurum ovatum, Syntrichia ruralis var. ruralis et Tortula lindbergii. D’autres espèces ont été observées, mais directement en contact des colonies d’Aloina bifrons : Microbryum davallianum, Microbryum floerkeanum et Barbula unguiculata.
Ailleurs en Europe (Ros & Guerra, 1987; Cano et al., 1997), en Afrique du nord (Pócs, 2007), ou en Asie du sud-ouest (Frey et al., 1990; Brullo et al., 1991; Frey & Kürschner, 1992), Aloina bifrons est une espèce typiquement inféodée à des communautés terricoles méditerranéennes et Irano-Touraniques de climats arides. L’espèce est d’ailleurs fréquemment associée à des substrats riches en gypse, comme c’est le cas en Auvergne.
Aloina bifrons est une espèce hautement menacée dans le Puy-de-Dôme, à cause de l’isolement de la population et de sa petite taille. La butte de Montpensier est unique dans l’ensemble de la grande Limagne car il s’agit du seul affleurement de gypse de la région. D’autre part, cette butte est un point de vue visité par de nombreux promeneurs qui ne peuvent toutefois que difficilement accéder aux secteurs de calcaire affleurants subverticaux. L’urbanisation galopante dans ce secteur contitue une menace supplémentaire qui a d’ores et déjà fait disparaître quelques petits pointements de moindre étendue dans les environs proches.
Vincent HUGONNOT & Jaoua CELLE