Biens de section et végétations associées aux prairies : des espaces à forte biodiversité !

Issus d’usages relativement anciens, les biens de section constituent aujourd’hui de véritables refuges pour la biodiversité. La plupart d’entre-eux comprennent des parcelles peu productives des points de vue sylvicole ou agricole (éperons rocheux, pentes, zones humides...) et leurs usages collectifs les ont moins soumis aux changements de pratiques d’exploitation. De la même manière, les parcelles herbagères des exploitations comprennent, outre la surface productive destinée à l'élevage, de nombreuses petites végétations associées, délaissées car moins productives mais souvent intéressantes pour la biodiversité. Savoir les identifier, mieux les connaître, prendre en compte leur biodiversité dans le cadre des pratiques peut contribuer de manière significative à la conservation d’habitats naturels, de végétations ou d’espèces remarquables, rares ou protégés... C'est à cet égard que le Conservatoire botanique national du Massif central a souhaité leur consacrer une série de plaquettes destinées aux propriétaires et gestionnaires, en premier lieu sur les territoires du SYTEC et du Parc naturel régional Livradois-Forez...
Dans le Massif central, plus de 300 000 hectares relèvent de « sections de commune » !
Les "sections de communes", "sectionaux" ou encore "biens de section" désignent des parcelles dont tirent profit collectivement un groupe d’habitants résidant sur la commune sans que cette dernière puisse s’approprier ces biens. Ces biens sectionaux permettent notamment à des groupes d’habitants d’exploiter des bois ou des surfaces herbagères pour leur propre profit collectif. Aujourd’hui, à l'échelle du massif montagneux, ces biens sectionaux correspondent majoritairement à des territoires forestiers ou prairiaux et contribuent pleinement à la diversité paysagère. Les espaces les moins productifs d’un point de vue sylvicole ou agricole présentent souvent une biodiversité remarquable et leur pérennité constitue un enjeu notable : on peut en effet y recenser des pelouses, des landes, des marais ou tourbières ou encore des espaces forestiers d'une maturité parfois remarquable (gorges, ravins, ripisylves, tourbières boisées...).
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Plus de la moitié de la flore du Cantal sur 21 162 ha de sectionaux...
Les travaux menés sur le territoire de l'Est Cantal constituent un bel exemple de la diversité et de l'intérêt de ce patrimoine foncier et environnemental. Entre 2018 et 2022, le CBN Massif central a en effet apporté son appui pour contribuer à la connaissance de la flore dans le cadre du projet d'Atlas de la biodiversité porté par le Syndicat des territoires de l'Est Cantal , en particulier à travers la réalisation d’inventaires floristiques sur les biens sectionaux. Sur ce territoire couvrant deux EPCI - Hautes Terres Communauté et Saint-Flour Communauté -, 21 162 ha sont composés de biens de section, soit près de 10% de la surface intercommunale étudiée dans ce cadre (228 845 ha). Près des deux tiers sont agricoles, le reste s'avèrant forestier. Comme le précise la plaquette éditée à cette occasion, on apprend que plus de la moitié de la flore et un quart des mousses connues du Cantal s’observent sur ces espaces sectionaux où seuls le territoire et ses habitants portent la responsabilité de leur préservation ! On y retrouve, par exemple, des pelouses sèches sur sols acides, des prairies de fauche à Knautie et Fromental ou encore à Raiponce et à Narcisse, des prairies paratourbeuses, des hauts-marais à sphaignes, des hêtraies-chênaies collinéennes, mais aussi des hêtraies-sapinières montagnardes dont celle à Calament à grande fleur, bref des habitats de haut intérêt écologique.
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Des espaces délaissés parfois de haut intérêt environnemental
Dans chaque parcelle herbacée, qu'elles relèvent de biens de section ou non, il est fréquent d'observer de nombreuses végétations localisées, plus ou moins différentes de celle qui compose l'essentiel de l'espace de production. Peu prises en compte d’un point de vue agronomique, ces végétations associées qui se développent, par exemple, à la faveur d’un pointement rocheux, d’une zone de source ou encore dans une zone peu mécanisable, constituent de véritables refuges pour la biodiversité. Riches en espèces singulières, elles participent à l’équilibre naturel de la parcelle et des paysages herbagers voisins, et contribuent, ponctuellement, à la diversité alimentaire des troupeaux ou encore à la pollinisation et à la fructification des cultures maraîchères et fruitières environnantes. Reconnaître leur intérêt, c’est déjà leur apporter une attention et participer à leur préservation.
À cet égard, la brochure éditée par le Conservatoire botanique national du Massif central dans le cadre du Contrat Vert et Bleu et cofinancée par l’Union européenne, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Parc naturel régional Livradois-Forez, permet aux éleveurs et éleveuses de faciliter l’identification de ces végétations associées. Destinée à être diffusée dans le cadre d'ateliers de formation destinés aux exploitants agricoles, cette plaquette situe chaque végétation remarquable au sein du parcellaire herbager et détaille à travers une courte description leur sensibilité liée à certaines pratiques agricoles. Pelouses sèches, prairies riches en bulbes, zones humides, bords de parcelle, landes et fourrés sont ainsi illustrés par quelques-unes de leurs principales espèces caractéristiques. Plus largement des recommandation d'usage sont proposées.
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Les travaux menés ici à titre expérimental sur la trame verte et bleue du PNR Livradois-Forez et sur les espaces sectionaux du SYTEC illustrent pleinement l'importance de consacrer une attention particulière aux espaces "délaissés". Dispersés en nombre sur le territoire du Massif central, les sectionaux participent de manière significative aux trames herbacées et forestières du territoire. Connaître leur patrimoine, informer les propriétaires et les gestionnaires, intégrer leurs enjeux dans le cadre des politiques et outils de planification territoriale (carte communale, plan local d'urbanisme, schéma de cohérence territoriale...) contribuerait certainement à la préservation de leur biodiversité.