La Gagée de Bohême : une espèce protégée des affleurements basaltiques
La Gagée de Bohême (Gagea bohemica (Zauschn.) Schult. & Schult.f.) est une plante vivace de la famille des Liliacées. Cette espèce, protégée à l’échelle nationale, est inscrite à la liste rouge de la flore vasculaire de Rhône-Alpes (En danger) et classée en LC (préoccupation mineure) sur la liste rouge de la flore vasculaire d’Auvergne.
L’espèce est localisée dans le quart sud-est de la France, dans quelques départements des Pays de la Loire et en Corse où elle affectionne les pelouses sèches des affleurements basaltiques.
Situation dans la Loire :
Dans le département de la Loire, 104 affleurements basaltiques ont ainsi été recensés dans l’ouest de la plaine du Forez et sur les piémonts foréziens. Ces affleurements sont les témoins d’un passé volcanique actif. En effet, les roches produites par infiltration de lave plutôt basiques sont favorables au développement d’une flore bien particulière dont fait partie la Gagée de Bohême.
Dans la Loire, l’espèce est connue de deux localités : au Pic Purchon à Champdieu et à Pierre à Jard sur la commune de Marcoux. Ces 2 populations font l’objet de suivis réguliers par le Conservatoire d’Espaces Naturels Rhône-Alpes (CEN RA) dans le cadre du Programme d’animation et d’actions du Réseau de conservation de la flore remarquable de la Loire mis en œuvre par le Département de la Loire et du programme de préservation des pics de basalte du Forez intégré au Contrat Vert et Bleu (corridors) porté par Loire Forez agglomération. Dans ce cadre, la station du Pic de Purchon fait l’objet de fauches régulières avec exportation de la matière, afin de maintenir un habitat ouvert favorable à la Gagée.
En 2020, les effectifs ont été estimés à 454 pieds à Pierre-à-Jard et 375 pieds au Pic Purchon ! Ces très bons résultats sont probablement liés à l’hiver pluvieux qui a favorisé l’expression des bulbes souterrains. En effet, au Pic de Purchon, la floraison est extrêmement variable. La dernière floraison de cette ampleur, avec plus de 300 pieds fleuris, remonte à 2005. Ces dernières années, les résultats étaient bien souvent inférieurs à 50 pieds, avec des années « noires » où moins de 20 pieds ont été observés. C’est pourquoi nous proposons aux botanistes du réseau de la Loire (et d’ailleurs) d’aller prospecter sur d’autres affleurements basaltiques où l’espèce s’est possiblement exprimée cette année ! De nouvelles populations sont peut-être à découvrir !
L’espèce reste cependant menacée… Les populations occupent des surfaces restreintes et l’embroussaillement tend à réduire l’habitat propice au développement de l’espèce. La présence avérée d’Espèces Exotiques Envahissantes (EEE) et notamment du Séneçon du Cap (Senecio inaequidens) menace aussi la flore indigène. La fréquentation des sites peut également devenir problématique avec des risques de piétinement et d’érosion des sols, tout particulièrement cette année, alors que les sols et la végétation ont été durement éprouvés par les sécheresses successives... Il convient donc de rappeler aux botanistes de respecter les sites et aussi de signaler la présence d’EEE sur les pitons basaltiques au CEN RA et/ou au CBN Massif central, afin de préserver au mieux la Gagée de Bohême.
Situation dans les autres départements du territoire du CBN Massif central :
En Ardèche, la Gagée de bohème est principalement présente sur le plateau basaltique du Coiron, où ses populations sont nombreuses, et sur les coteaux granitiques de la vallée du Rhône.
En Auvergne, l’espèce est disséminée sur l’ensemble des reliefs basaltiques en petites populations parfois importantes. En Haute-Loire, l'espèce est présente dans la haute vallée de l’Allier, sur le site de la falaise de Blot, à Polignac, et dans la haute vallée de la Loire. Dans le Puy-de-Dôme, sur chaux basaltiques du Lembron et de l’Allier. Dans le Cantal, la gagée de Bohème est disséminée sur la Planèze de Saint-Flour et les reliefs basaltiques environnants jusqu’à Massiac. Dans l’Allier, c’est une espèce très rare localisée uniquement près de Gannat.
L’espèce a disparu du département du Rhône, et n’a jamais été observée dans les trois départements du Limousin.