Enjeux

Enjeux

Diversité végétale et fongique du Massif central : les grands enjeux

Une des particularités du Massif central vis-à-vis des territoires voisins est que le paysage apparaît toujours sous la forme d’une mosaïque complexe et diversifiée de milieux forestiers, prairiaux, humides, rocheux... Cette diversité et cette complexité paysagères sont l'héritage d'une attention pluriséculaire portée par l'homme sur son environnement. 

Et c'est bien cette attention que le CBN Massif central entend préserver et encourager pour que les habitants et les visiteurs de ce territoire puissent vivre dans un cadre enchanté par la diversité végétale dans un contexte social et économique satisfaisant. En ce sens, au regard de sa formidable diversité végétale, le Massif central est une terre porteuse d’avenir ; ce que l'on croyait comme ses faiblesses hier seront demain des atouts reconnus bien au-delà de ses frontières. Nos études et notre expertise mettent en exergue ce qui fait incontestablement la richesse et la diversité végétale du Massif central :

CARREFOUR BIOCLIMATIQUE
Sa situation géographique place le Massif central au carrefour des climats atlantique, continental et méditerranéen, facteurs de diversité ;
VOLCANISME
Son volcanisme, son relief montagneux et son histoire géomorphologique lui confèrent une géologie et une pédologie originales permettant la présence d’une flore et d’une végétation parfois endémiques ;
ZONES HUMIDES
Son immense réseau de zones humides qui irrigue une importante partie du territoire national, héberge une végétation souvent disparue ailleurs (gazons amphibies, forêts alluviales, tourbières, prairies humides, mares temporaires…) ;
MILIEUX OUVERTS
Ses prairies et autres milieux herbacés (couvrant 40 % de la surface du Massif central) lui donnent cette identité pastorale si chère aux habitants, portant ce territoire au haut rang de la plus grande « prairie d’Europe occidentale » ;
FORÊTS
Ses forêts, composant un tiers du territoire, et notamment ses massifs boisés pluriséculaires hébergent la plus grande partie de la biodiversité régionale (un tiers de la flore vasculaire, la moitié de la bryoflore, les trois quarts des champignons…).

Les milieux ouverts herbacés (prairies et pelouses), les forêts anciennes et matures, les zones humides (lacs, tourbières, bords des fleuves…) constituent les trois piliers sur lesquels reposent la biodiversité du Massif central. Aujourd’hui, cette diversité paysagère et végétale qui fait l’identité même du territoire est sous le joug d’évolutions et de forces nouvelles : les listes rouges régionales (flore, bryoflore, fonge, végétations…) confirment que l’agriculture, la sylviculture et l’urbanisation représentent les trois activités humaines qui façonnent le plus aujourd’hui la diversité végétale du Massif central et que leur évolution actuelle, et plus particulièrement leur intensification combinée au changement climatique, produit des changements globaux dont les conséquences sont, de toute évidence, inédites, conduisant à moyen terme à une extinction massive de la biodiversité mais aussi à l’altération de nombreuses activités économiques qui exploitent cette même biodiversité.

L’urgence liée au rythme de l'érosion de la nature et du changement climatique amène le CBN à rechercher la plus grande efficience, c’est-à-dire à agir sur un large périmètre et un large pan de la biodiversité fongique et végétale. Ses actions menées à travers les filières agropastorales et sylvicoles qui régissent les trois quarts du territoire participent à cette philosophie. Mais ce travail reste à poursuivre pour y inclure les écosystèmes humides et les espaces artificialisés.

Plusieurs enjeux majeurs se dégagent de notre analyse, sur la période 2023-2035 :

Amélioration, partage et diffusion de connaissances botaniques et fongiques fiables et accessibles pour contribuer aux politiques publiques de préservation de la nature.
Anticipation des effets du réchauffement climatique sur la flore et les activités humaines qui en dépendent.
Maintien et valorisation des pratiques agricoles favorables à la biodiversité des milieux ouverts herbacés.
Préservation et suivi de la biodiversité forestière et valorisation des pratiques durables dans les forêts du Massif central.
Restauration et préservation des écosystèmes humides d'importance pour la biodiversité et la ressource en eau.
Protection de la flore endémique pour laquelle le Massif central porte une responsabilité forte.
Solutions fondées sur le végétal pour améliorer la biodiversité et lutter contre le changement climatique dans les espaces urbanisés.
Accompagnement des habitants vers une culture de la nature et l'adoption de pratiques écoresponsables pour la biodiversité.

Les défis colossaux sont établis en écho à des constats inquiétants. Y répondre ne doit pas consister à panser les plaies ouvertes ni à préserver un « patrimoine » au sens muséographique du terme, mais bel et bien proposer un futur désirable, joyeux et prospère. Il s’agit, comme esquissé lors du précédent agrément, d’imaginer une société attentionnée envers le vivant dont la diversité est seule à même d’assurer les besoins vitaux et préserver durablement notre propre espèce. Sans prôner un retour aux prémices de l’Humanité, notre action doit consister à réorienter nos modes de vies et nos activités économiques pour qu’elles s’assurent de la résilience et de la durabilité des écosystèmes qu’elles exploitent. Accompagner le territoire vers la recherche de la robustesse plutôt que de la performance est la clé pour trouver l’équilibre indispensable entre l’être humain et son environnement.