Découverte de Nitella opaca dans le département de la Loire

Nitella opaca (C.Agardh ex Bruzelius) C.Agardh, 1824 appartient à l'embranchement des Charophytes. Cette Characée n'est, à l'heure actuelle, répertoriée que dans quatre localités dans le Massif central, toutes (re)découvertes récemment. Trois localités se situent dans le département du Puy-de-Dôme (Charbonnières, à proximité des Gorges de la Sioule ; Besse-et-Saint-Anastaise dans l’étang du lieu-dit « La Coustille » ainsi que dans le lac de Bourdouze). La dernière localité connue se situe dans le département du Rhône (Montagny au lieu-dit "Colombie").

Dans le département de la Loire, Nitella opaca a été découverte par le CBN Massif central en 2020, dans plusieurs mares de la plaine Roannaise situées dans les communes de Pouilly-les-Nonains et Saint-André-d’Apchon.
Le 29 avril 2021, deux nouvelles populations ont été découvertes lors de prospections dans un étang à Marsilée à quatre feuilles et Pilulaire à globules, situé dans la commune de Poncins (lieu-dit "les Gourdins") ainsi qu'à Chambéon, dans une petite mare en bordure de la Loire, à l'est de l'Aérodrome de Feurs-Chambéon. Le premier site accueille une population qui s'étend sur près de 2 500 m2 (>10 000 individus estimés) dans une eau peu profonde (40 cm), oligo-mésotrophes, sur un substrat argilo-limoneux. Au contraire, la mare de Chambéon accueille une population réduite de seulement quelques dizaines d'individus qui se trouvent dans une eau peu profonde et mésotrophe.
Tout récemment, la Nitelle sombre a été observée à Crémeaux (Nord du lieu-dit « Lémina », dans la plaine roannaise) dans une petite mare au milieu d’une prairie de fauche, dans une eau peu profonde et sur un substrat vaseux.
Nitella opaca s’accommode d’une large gamme de pH (substrat proche de la neutralité à riches en bases), s'observe le plus souvent dans des eaux peu profondes et assez pauvres en nutriments. Annuelle et vernale, celle-ci se développe précocement. Ainsi, dans les départements du Rhône et de la Loire, elle a été observée fructifiée (pieds mâles et pieds femelles) dès le mois d'avril jusqu'à la mi-mai. Dès le début du mois de juin, la plante peut disparaître assez rapidement, laissant place aux espèces estivales.

La Nitelle sombre fait partie (avec Nitella flexilis, N. capillaris et N. syncarpa) des nitelles à dactyles unicellulaires. Elle est dioïque, contrairement à Nitella flexilis, avec laquelle elle est fréquemment confondue. Néanmoins, la fréquente protandrie chez Nitella flexilis (développement précoce des organes mâles) peut duper le botaniste qui croît alors observer une plante dioïque. Les deux autres espèces de cette section de nitelles (Nitella capillaris et N. syncarpa) se caractérisent par la présence d'un mucilage épais enveloppant les organes reproducteurs mâles et femelles. Ce mucilage ressemble à une "ponte d'amphibien". Pour bien veiller à être en présence d'une nitelle à mucilage, il est parfois nécessaire de sortir la plante de l'eau et de bien veiller à ne pas confondre le mucilage avec de l'eau emprisonnée dans les nombreux verticilles agglomérés de la partie supérieure de la plante. Nitella opaca est vraisemblablement plus courante que la carte de répartition actuelle ne le laisse à penser.
Très sensibles à l’eutrophisation du milieu, encore méconnues de territoire d’agrément, ces plantes méritent une attention particulière. Amis botanistes, ouvrez l’œil lors de vos prospections sur les mares et étangs !
Ci-dessous les cartes de répartition de Nitella opaca, flexilis, syncarpa et capillaris (état des connaissance janvier 2020)




CBN Massif central (Aurélien Labroche & Mathieu Mercier)