Prodrome des végétations de France : les végétations forestières caducifoliées françaises enfin disponibles
Après plus de dix ans de travail, assis sur les premières synthèses nationales réalisées par Jean-Claude Rameau depuis la fin des années 90, les quatre classes de végétation forestières issues des ex « Querco roboris-Fagetea sylvaticae Braun-Blanq. & Vlieger in Vlieger 1937 » parues en deux volumes (10 et 11) dans les documents phytosociologiques sont désormais accessibles librement en pdf.
Le premier article du vol. 10 brosse l’historique du travail, le mode de fonctionnement du groupe de travail SFP au sein duquel les décisions ont été prises et la méthodologie employée. En plus d’une importante synthèse bibliographique européenne, il repose sur l’analyse (AFC et CAH) des syntaxons constitués par 16.019 relevés phytosociologiques forestiers. Parmi eux, 14.079 correspondent à l’ancienne classe des Querco roboris-Fagetea sylvaticae, les autres à des classes de végétation voisines. Après avoir défini chaque association et ses variations, retenant dans certains cas des associations originales ou en corrigeant des problèmes de validité syntaxonomique, l’analyse a été conduite progressivement jusqu’aux niveaux supérieurs. Ce travail s’est enrichi d’études locales, en lien notamment avec le réseau des Conservatoire botaniques nationaux. Il a permis de replacer des végétations nouvellement décrites dans le référentiel national, ce qui avait rarement été fait. Le cas des végétations forestières du Massif central en est l’exemple le plus criant, avec un aller-retour permanent entre la connaissance de terrain et sa remise en perspective avec les syntaxons déjà décrits en France et en Europe. Ce travail d’analyse critique et de bibliographie est au cœur de la phytosociologie, aussi central que le travail de détermination ou de taxonomie en botanique.
Après avoir analysé la place des associations au sein des alliances, celles-ci ont ensuite pu être réparties dans un synsystème organisé jusqu’à la classe, en prenant en compte les choix réalisés en Europe notamment pour l’European vegetation checklist. Les trois classes retenues sont ventilées dans les deux volumes des Documents phytosociologiques :
- Le volume 10 est consacré aux Quercetea pubescentis Doing-Kraft ex Scamoni & H. Passarge 1959 correspondant aux chênaies pubescentes, et aux Quercetea robori-petraeae Braun-Blanq. & Tüxen ex Braun-Blanq., Roussine & Nègre 1952 regroupant les chênaies et chênaies acidiphiles.
- Le volume 11 est quant à lui dédié aux Carpino betuli-Fagetea sylvaticae Jakucs 1967. Cette dernière, la plus importante, est à son tour subdivisée en deux sous-classes, les Geranio robertiani-Fraxinenea excelsioris (Scamoni & H. Passarge 1959, H. Passarge 1968) Renaux, Timbal, Gauberville et al. 2019 correspond à des forêts humides, ou d’éboulis et de pentes fortes, alors que la seconde, les Fagenea sylvaticae (H. Passarge 1968, Bœuf 2014) Renaux, Timbal, Gauverville et al. 2019, est dominée sauf dans les stades pionniers par des dryades (principalement le Hêtre et le Sapin pectiné).