Caldesia parnassifolia (L.) Parl., une découverte récente...
La Caldésie à feuilles de parnassie est une espèce emblématique des zones humides, fortement menacée en France et à l’échelle européenne (inscrite à l'annexe II de la directive "Habitats"). On l’observe dans les végétations des étangs au sein des communautés aquatiques ou dans les ceintures périphériques. Cette plante, de 10 à 100 cm de hauteur, possède des feuilles toutes basales à limbe flottant en forme de coeur. La hampe florale, qui dépasse de la surface de l’eau, a une forme pyramidale. Les fleurs sont petites, de 5 à 7 mm de diamètre et présentent trois pétales blanc rosé, arrondis et denticulés au sommet. Le fruit, composé de 6 à 9 akènes, forme une petite tête globuleuse. La reproduction sexuée est généralement croisée, parfois autogame, mais ne semble pas privilégiée. Une multiplication végétative originale existe grâce à des hibernacles ou turions apparaissant souvent à l’extrémité de tiges secondaires ou à la place de la fleur ; ils s’en détachent à l’automne et s’enfoncent dans la vase, subsistant l’hiver pour donner de nouvelles plantes au printemps suivant. Lorsque l’espèce pousse sur la vase humide en période d’assec, les plants se montrent plus chétifs et ne dépassent guère 20 cm.
La Caldésie à feuilles de parnassie n’avait jamais été signalée dans le département de la Loire, que ce soit dans la Statistique botanique du Forez de A. Legrand (1873) ou dans d’autres ouvrages anciens ou récents. Elle y a été découverte le 4 juin 2000 (GALTIER, GUILLERME et MARET 2001).
Les stations de la Loire sont situées dans une zone de 1 à 2 km2 au sein de trois étangs entretenus pour la pisciculture. Suivies depuis une dizaine d’années, les populations recensées comptent plusieurs milliers de plants. Bien que très localisées, elles constituent un important foyer de l’espèce en France.
Comment se fait-il que cette espèce n’ait jamais été observée ? Elle n’est pourtant pas discrète ou d’identification délicate. Face à cette énigme, on peut proposer des hypothèses qui peuvent même se conjuguer : les étangs foréziens sont difficiles d’accès car privés ; l’espèce apparaît par éclipse, elle reste très rare et surtout très ponctuelle dans la plaine ; et puis tout simplement la chance... L'exemple de C. parnassifolia dans la Loire confirme qu’il est encore possible, au xxie siècle, de découvrir dans nos régions des espèces végétales emblématiques nouvelles.
N. GUILLERME et J. GALTIER