Première observation de l’Amarante muriquée [Amaranthus muricatus (Gillies ex Moq.) Hieron.] en Auvergne-Rhône-Alpes
L’Amarante muriquée (Amaranthus muricatus (Gillies ex Moq.) Hieron., 1881) a été signalée pour la première fois en Auvergne-Rhône-Alpes par Adrien Delattre, au bord d’un site industriel de Villeurbanne (69). Un seul pied observé dans une friche industrielle eutrophile thermophile, sur un site par ailleurs assez riche en espèces exotiques : Ailanthus altissima, Phytolacca americana, Reynoutria x bohemica. Amarantus muricatus est ainsi un taxon nouveau pour le territoire d’agrément du CBN Massif central, exogène et à considérer comme occasionnelle, ne formant pas de population pérenne et dont le maintien n’est pas certain. Son origine à Villeurbanne n’est pas établie.
L’identité de la plante a par la suite été confirmée par Jean-Marc Tison.
Originaire d’Argentine, cette espèce est observée en Europe dès 1847, dans le Port Juvénal de Montpellier, où elle est vraisemblablement introduite accidentellement par le commerce maritime de la laine. Mais alors qu’elle disparait des radars français pendant près de 150 ans, elle est recensée dans plusieurs autres pays d’Europe au cours du 20e siècle. En Espagne notamment, où elle est connue depuis 1908, elle se répand rapidement à partir de la fin du siècle, jusqu’à occuper tout le littoral méditerranéen au sud des Pyrénées. Redécouverte en France en 2002, sa présence reste sporadique, limitée à des observations éparses sur le pourtour méditerranéen, mais aussi à Paris (2013) et maintenant en métropole lyonnaise.
L’Amarante muriquée est une plante vivace à rhizome, au port prostré, très ramifiée. Elle ressemble superficiellement à l’Amarante couchée (Amaranthus deflexus L.) mais s’en distingue facilement par ses tiges blanchâtres (vertes à pourpres chez A. deflexus), ses feuilles très fines, ses fleurs à cinq tépales (deux chez A. deflexus) et ses fruits verruqueux. Très rudérale, elle semble affectionner les friches urbaines nitrophiles et thermophiles (sites industriels, bords de routes), mais aussi les cultures. Sa forte sensibilité aux hivers froids limite apparemment son expansion vers le nord et vers l’intérieur des terres, où elle se cantonne pour l’instant aux milieux urbains chauds. Elle serait peut-être à rechercher dans la vallée du Rhône au sud de Lyon, ainsi que sur le littoral méditerranéen, en particulier près de la frontière espagnole. Etant donné son expansion rapide en Espagne et sa proximité avec d’autres espèces possédant un caractère envahissant en milieu rudéral, il serait intéressant de surveiller la dynamique d’expansion de cette espèce dans le sud du pays.
Adrien Delattre
Répartition en France de Amaranthus muricatus (source siflore.fcbn.fr 2015)