Une stratégie en partage

Une stratégie élaborée dans le cadre des demandes de renouvellement d’agrément

Les CBN sont agréés par le ministère en charge de l’écologie pour une durée désormais fixée à 10 ans renouvelable (cette durée était de 5 ans jusqu’en 2021). Ils exercent alors des missions d’intérêt général de connaissance de l’état et de l’évolution de la flore sauvage et des habitats naturels et semi-naturels, d’agrégation et d’analyse des données, d’identification et de conservation de la flore et des habitats rares et menacés, de concours scientifique et technique auprès des pouvoirs publics, et de sensibilisation du public, telles que définies par le décret ministériel n° 2021-762 du 14 juin 2021.

Les rapports de demande de renouvellement d’agrément au titre de Conservatoire botanique national, présentent l’action et la stratégie à venir de l’établissement au regard des missions confiées par l’État. Ces documents planifient les politiques de connaissance, de conservation, d’expertise et de sensibilisation sur 10 ans, dont l’exercice est évalué tous les 5 ans.

Un projet scientifique et technique pour la période 2025-2035

Au bout de 25 années d’existence, le CBN Massif central peut être fier des très nombreuses actions conduites, certes dans l’exercice de ses missions d’intérêt général, mais souvent en réponse aux sollicitations ou en coconstruisant des projets-actions avec les acteurs et les habitants du territoire.

Il n’en demeure pas moins qu’il reste encore beaucoup à faire notamment face à l’évolution du climat et des activités humaines, et plus globalement à l’érosion continue de la biodiversité dont les conséquences peuvent légitiment inquiéter le territoire. Les enjeux identifiés par le CBN sont nombreux et le défi à relever, dans sa globalité, est colossal. D'ici 2035, face aux crises émergentes, le CBN devra conserver une expertise de hauts niveaux scientifiques et techniques s'il veut pouvoir répondre aux impacts et aux très nombreuses attentes qui émergeront des pouvoirs publics, des acteurs socio-économiques et des habitants du territoire. Quelles priorités d’action choisir ?

Si le développement de la connaissance sur la flore, la bryoflore et la fonge, les végétations et les habitats a toujours été un objectif prioritaire du CBN, il n’en demeure pas moins que celle-ci demeure imparfaite. Lors du prochain agrément, s'il souhaite maintenir sa capacité de suivi et d'expertise, le CBN devra poursuivre et actualiser la connaissance sur les plans taxonomiques (espèces à données déficientes - DD), syntaxonomiques (ourlets, cultures, friches...), chorologiques et écologiques (traits de vie des espèces). Des efforts significatifs porteront sur la fonge et la lichenofonge, objets des nouvelles missions des CBN (stratégie d'inventaire).

Parallèlement aux démarches d'inventaires, des suivis de la biodiversité végétale devront être mis en place notamment face aux impacts du dérèglement climatique et de l’évolution des pressions humaines. Une surveillance de la flore et de la bryoflore grâce à des inventaires généraux protocolés par mailles est très attendue tout comme la mise en place de suivis des végétations forestières et agropastorales. À l’image du projet d’observatoire des prairies naturelles du Massif central, ces projets de suivi construits et conduits avec les établissements de recherche et les acteurs socio-économiques du territoire, peuvent également contribuer à une plus grande prise de conscience de la valeur et de l'importance de la biodiversité végétale pour le territoire.

La gestion, la diffusion et la valorisation des données sur la flore, la fonge, les végétations et les habitats sont désormais clairement inscrites parmi les nouvelles missions des CBN. L'outil métier - Lobelia - , mutualisé avec cinq autres CBN, sera l'objet de toute l'attention du CBN qui participera aux développements informatiques communs permettant une meilleure capitalisation, visualisation et analyse des données. À travers cette modernisation, les flux d’informations avec les plateformes SINP régionales et nationales seront nettement améliorés et garantiront au plus large public un accès aux données les plus actuelles.

Face aux enjeux décrits en préambule de ce document, c'est sans aucun doute à la gestion conservatoire de la flore, des ressources végétales sauvages et à la restauration écologique que le CBN devra consacrer la plus grande partie de son énergie. Lors du prochain agrément, il s’agira, d'une part, de poursuivre les actions de conservation ex situ déjà engagées (renouvellement de la banque de semences) en les ouvrant à des groupes particuliers (orchidées, isoetes, bryophytes...) et, d'autre part, de développer et structurer les actions de conservation in situ (PNA notamment) pour lesquelles une stratégie claire et pragmatique est attendue. À l'aube d'une extinction profonde de la biodiversité, le CBN doit focaliser ses efforts sur les espèces et végétations pour lesquelles le territoire porte la plus grande responsabilité. Dans le cadre du règlement européen portant sur la restauration de la nature, des actions innovantes utilisant les ressources végétales locales et sauvages (marque collective Végétal local) seront démultipliées et expérimentées sur des territoires encore peu investis par le Conservatoire botanique et ses partenaires, sinon pour répondre à de nouveaux besoins.

Inscrit dans l'agrément et porté par les élus du comité syndical, l’appui du CBN auprès des acteurs du territoire demeure essentiel. Les travaux co-construits avec les gestionnaires d'espaces agricoles et forestiers, les collectivités territoires, les services déconcentrés de l’État, les intercommunalités, les Parcs naturels régionaux et les associations seront poursuivis dans la perspective de maintenir et restaurer les infrastructures agroécologiques supportant une grande partie de la biodiversité représentative du Massif central. Permettre aux pouvoirs publics du territoire, à travers leurs politiques (ABC, SAP, TEN, SRADET, PLU, PLUi, Charte de Parcs, ENS, ZNIEFF, police de l’environnement…), une meilleure prise en compte de la diversité floristique et de sa richesse par la mise à disposition de données et d'outils efficaces d'alerte demeura également un engagement fort et constant du CBN.

Au-delà d'une communication institutionnelle renforcée permettant ainsi une meilleure lisibilité des enjeux, de ses missions et projets, notamment sur les médias numériques, le CBN Massif central entend bien mobiliser des habitants du Massif central en focalisant ses messages sur leur capacité d'action collective et individuelle (autodiagnostics des enjeux de diversité végétale) et en explicitant les enjeux de connaissance et de préservation de la biodiversité à travers de nouveaux vecteurs (podcasts, vidéos...). À proximité de ses jardins, il espère ouvrir un nouvel espace d'accueil et d'exposition (bergerie) afin de faciliter ses actions de médiation scientifique et de formation professionnelle. Il cherchera enfin à définir des "ambassadeurs du CBN" parmi les acteurs de l'éducation à l'environnement afin de relayer plus efficacement ses connaissances et ses messages sur l'ensemble du territoire d'agrément.

En dépit de la difficulté de se projeter à 10 ans, le projet scientifique et technique du CBN Massif central proposé ici tente de répondre aux enjeux identifiés tout en respectant le cadre des missions d’intérêt général des CBN. Gageons que le CBN saura mobiliser toutes les ressources nécessaires pour en assurer la mise en œuvre.

Consulter la demande de renouvellement d'agrément (rapport stratégique 2025-2035)

Télécharger notre précédent rapport stratégique 2018-2023 dans la zone de téléchargements ci-dessous