Listes rouges
Un outil d'alerte et de hiérarchisation des priorités de conservation du patrimoine menacé
La faune et la flore planétaire subissent une vague d’extinction dont la rapidité s’avère sans précédent. À cet égard, depuis près de 50 ans, l’ Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) évalue la situation des plantes et des animaux à travers le monde et publie la Liste rouge mondiale des espèces menacées grâce au travail des 7500 experts de sa Commission de sauvegarde des espèces. Aux côtés du Comité français de l’UICN et du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), les Conservatoires botaniques nationaux, dont le CBN du Massif central, travaillent à l’évaluation régulière de l’état de conservation des espèces de plantes et de champignons, et des végétations, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle des régions administratives. Grâce à ces listes, on sait aujourd'hui qu'environ un quart de la flore est menacée dans chaque ex-région du territoire d’agrément du CBN Massif central (Auvergne, Limousin, Rhône-Alpes). Centralisées et mises à disposition sur notre site web, ces listes rouges élaborées sur le territoire d’agrément du CBN Massif central et divers autres ressources sont destinées à alimenter les politiques régionales de conservation menées par de nombreux acteurs, en fournissant des outils scientifiques solides et argumentés.
Listes rouges régionales de la flore menacée en Auvergne (2013)
De 2011 à 2012, désirant mieux cibler, à l’avenir, les priorités d’action concernant la flore locale sur la base de connaissances actuelles, la DREAL Auvergne a confié la révision de la Liste rouge de la flore vasculaire d’Auvergne au CBN Massif central.
Sur la base d’environ 2 150 000 observations floristiques disponibles (dont plus de 85 % postérieures à 1990) et d’un catalogue floristique régional argumenté indiquant notamment la rareté régionale et les critères d’indigénat,
le Conservatoire botanique national du Massif central a examiné, pour chaque plante, différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction, comme la taille de la population de l’espèce, son taux de déclin, sa répartition géographique,
sa régression, son degré de fragmentation, les menaces qui pèsent sur elles...
Ainsi, sur les 1972 plantes indigènes recensées en Auvergne, 21 % (soit 419 taxons) se montrent menacées à différents degrés. Cette proportion s’élargit à 28 % (soit 552 taxons) si on ajoute les taxons quasi menacés.
Parmi ces espèces menacées, on retiendra la Marsilée à quatre feuilles, en danger critique d’extinction en raison de l’eutrophisation des eaux et de la concurrence d’espèces exotiques envahissantes,
ou encore le Glaïeul imbriqué dont la population est réduite à moins de vingt individus connus à ce jour. D’autres, comme la Malaxide des marais, ont totalement disparu d’Auvergne,
reflétant l’évolution des zones humides qui concentrent, avec les milieux agro-pastoraux, l’essentiel des enjeux de préservation de la flore régionale…
Si 86 % des taxons actuellement protégés sont bel et bien menacés (CR, EN, VU), quasi menacés (NT) ou disparus (RE), on peut s’inquiéter du sort de plus de 413 taxons menacés ou quasi menacés pointés par la Liste rouge régionale
qui ne sont pas encore protégés réglementairement à ce jour, dont 80 sont en danger critique d’extinction régionale !
Pour en savoir plus :
- Liste Rouge Auvergne
- Dossier de presse liste Rouge Auvergne - Version print
- Dossier de presse liste Rouge Auvergne - Version web
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Liste rouge de la flore menacée en Limousin (2013)
En Limousin, c’est sur la base d’environ 850 000 observations floristiques disponibles (dont une grande majorité postérieures à 1989) et d’un catalogue floristique régional argumenté que le Conservatoire botanique national du Massif central a entrepris l’évaluation du degré de menace des 1496 taxons (1483 espèces et 13 sous-espèces et variétés) indigènes recensés en Limousin. Parmi ceux-ci, 20 % (soit 302 taxons dont 293 espèces) se montrent menacés à différents degrés. Cette proportion s’élargit à 29 % (soit 438 taxons dont 427 espèces) si on ajoute les taxons quasi menacés. On retiendra notamment l’Anacamptide punaise, belle orchidée des prairies temporairement humides qui n’est observée que dans trois localités de la Corrèze et de la Haute-Vienne et qui a particulièrement souffert de l’intensification agricole ou de l’abandon des pratiques extensives. L’Isoète à spores épineuses, petite plante aquatique, se rencontre encore en Limousin dans quelques ruisseaux montagnards du plateau de Millevaches et plus rarement dans les plans d’eau. Le maintien en Limousin de cette espèce est conditionné à une bonne qualité physico-chimique et une faible turbidité des eaux. D’autres comme le Diphasiastre à trois épis semblent avoir totalement disparu du Limousin, reflétant l’évolution des milieux agro-pastoraux et des zones humides qui concentrent l’essentiel des enjeux de préservation de la flore régionale… Si les trois quarts des taxons actuellement protégés sont bel et bien menacés (CR, EN, VU), quasi menacés (NT) ou disparus (RE), on peut s’inquiéter du sort de plus de 315 taxons menacés ou quasi menacés pointés par la Liste rouge régionale qui ne sont pas encore protégés réglementairement à ce jour, dont 34 sont en danger critique d’extinction régionale !
- Liste Rouge Limousin
- Dossier de presse liste Rouge Limousin - Version print
- Dossier de presse liste Rouge Limousin - Version web
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Liste rouge des mousses, hépatiques et anthocérotes d’Auvergne (2014)
883 taxons (657 mousses, 222 hépatiques et 4 anthocérotes) constituent la bryoflore de la région Auvergne. Suivant la méthodologie de l’UICN, 437 (49,4 %) sont considérés comme menacés et 43 autres (4,9 %) comme quasi menacés (NT). Seuls 320 taxons sont considérés comme hors de danger dans la région (36,2 % LC). Les informations étaient insuffisantes pour 83 taxons (9,4 % DD). 13 espèces sont considérées comme disparues de la bryoflore régionale et 134 supplémentaires pourraient subir le même sort si aucune mesure visant à les conserver n’est prise. Un nombre important de taxons (61) présents en Auvergne figure au Livre rouge européen. 7 taxons sur 12 protégés en France sont présents en Auvergne. La région Auvergne possède donc une grande responsabilité en accueillant une bryoflore menacée à des échelles spatiales plus vastes. D’une façon générale, la bryoflore menacée est très inégalement répartie en Auvergne au regard des connaissances dont nous disposons. Quelques foyers majeurs concentrent une richesse exceptionnelle en taxons considérés comme menacés à l’échelle de l’Auvergne (monts du Cantal, massif du Sancy) tandis que certains secteurs apparaissent aujourd’hui particulièrement plus pauvres (département de l’Allier) en comparaison de la richesse des départements du Cantal et du Puy-de-Dôme.
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Liste rouge de la flore menacée en Rhône-Alpes (2015)
En Rhône-Alpes, les Conservatoires botaniques alpins et du Massif central ont analysé plus de 4 300 000 observations floristiques (dont plus de 80 % postérieures à 1990). Parmi les 3 300 plantes examinées, 17 % des espèces évaluées (soit 573 plantes) sont menacées. Cette proportion monte à 23 % si l’on ajoute les plantes quasi menacées. Une centaine d’entre elles sont en danger critique et 32 n’ont jamais été revues. Enfin, cinq espèces ont définitivement disparu de la région et deux sont éteintes à l’état sauvage. Cette liste rouge met aussi l’accent sur l’évolution nécessaire des politiques de préservation puisque 60 % des taxons évalués comme menacés ne bénéficient d’aucune protection réglementaire.
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Liste rouge des habitats menacés en Europe (2016)
La Liste rouge européenne des habitats fournit un aperçu du risque d'extinction des habitats marins, terrestres et d'eau douce dans l'Union européenne et les régions adjacentes, sur la base d'un ensemble cohérent de critères, de catégories et de données détaillées et de l'expertise des pays concernés. Parmi les habitats terrestres et d'eau douce, le pourcentage le plus élevé de types menacés (catégories En danger critique d'extinction, En danger, Vulnérable) a été constaté parmi les tourbières (85 % dans l'UE28, 54 % dans l'UE28+), suivis des prairies (53 %, 49 %), des habitats d'eau douce (46 %, 38 %) et des habitats côtiers (45 %, 43 %). Des pourcentages relativement faibles de landes et de broussailles, de forêts et d'habitats à végétation clairsemée ont également été jugés menacés. Globalement, le nombre d’habitats menacés était plus élevé dans l’UE28 (36 %) que dans l’ensemble de l’UE28+ (31 %). La Liste rouge européenne des habitats fournit de nombreuses informations supplémentaires sur la classification et la définition des habitats, les pressions et les menaces, la conservation et la restauration des habitats, la répartition, l’état et les tendances dans les différents pays et les sous-habitats qui peuvent être menacés. Les informations fournies peuvent éclairer et soutenir la politique européenne en matière de nature et de biodiversité de diverses manières, notamment en ce qui concerne les objectifs de la stratégie UE2020 pour la biodiversité. Dans ce cadre, le CBN Massif central avait fourni divers éléments relatifs au statut de conservation d'habitats forestiers.
Pour en savoir plus :
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Liste rouge de la flore menacée de France (2018)
En 2018, sur les bases de plus de 30 millions d’observations botaniques capitalisées par les CBN, les 4 982 espèces de plantes indigènes recensées sur le territoire ont fait l’objet d’un examen approfondi, conduisant les scientifiques à estimer que 15 % des espèces encourent un risque de disparition, soit 742 espèces de plantes classées menacées (421 plantes soit 9 %) ou quasi menacées (321 plantes soit 6 %). Parmi celles-ci, 63 plantes endémiques de France métropolitaine sont menacées et 34 quasiment menacées. Cette liste d’alerte vise à anticiper tout risque d’extinction dont ont déjà fait l’objet 22 plantes disparues de France (2 espèces n’ont jamais été revues dans le Monde). Parmi les plantes menacées en France, le Massif central porte une grande responsabilité dans la conservation de la Renoncule à fleurs latérales (Ranunculus latériflorus), dont deux des cinq dernières (et plus importantes) populations françaises se développent sur les plateaux basaltiques du Massif central (Haute-Loire et Ardèche), au sein de mares temporaires...
Pour en savoir plus :
- Communiqué et dossier de presse des CBN
- Fascicule de présentation de la liste rouge de la flore vasculaire de France métropolitaine
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Liste rouge européenne des mousses, hépatiques et anthocérotes (2019)
Selon les lignes directrices régionales de l'UICN, cette liste rouge présente les espèces de mousses, d'hépatiques et d'anthocérotes menacées d'extinction au niveau européen dans la perspective que des mesures de conservation appropriées puissent être mises en œuvre. Elle fournit la première évaluation complète à l'échelle européenne des bryophytes. La portée géographique est continentale, s'étendant de l'Islande à l'Oural, et de la Terre François-Joseph aux îles Canaries (la région du Caucase n'est pas incluse). De nombreuses espèces du Massif central y figurent.
Pour en savoir plus :
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Liste rouge des mousses, hépatiques et anthocérotes menacées de Rhône-Alpes (2022)
En 2020, un travail similaire à celui décrit pour l’Auvergne (voir ci-dessus) a été conduit à l’échelle de l’ex-région Rhône-Alpes par les CBN Alpin et du Massif central. Chacune des 1 090 espèces présentes (ainsi qu’une centaine de sous-espèces ou variétés) ont été évaluées en fonction de leur risque de disparition. Les résultats, validés par l’UICN France et par le CSRPN, parus en 2022, montrent que la proportion de bryophytes menacées (CR, EN, VU) est de 36,4 % des espèces évaluées. Ce chiffre, quasiment deux fois plus élevé que pour la flore vasculaire, souligne les forts enjeux de conservation de ce groupe méconnu, comme l’avaient déjà révélé les listes rouges d’Auvergne et de Suisse.
Pour en savoir plus :
- Liste rouge des bryophytes de la région Rhône-Alpes - Version Tableur
- Liste rouge des bryophytes de la région Rhône-Alpes
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Liste rouge régionale des végétations menacées en Auvergne-Rhône-Alpes (2022)
Dans la continuité des travaux menés sur les groupes taxonomiques précédents (voir ci-dessus), les CBN alpin et du Massif central ont conduit la réalisation d'une liste rouge régionale des végétations menacées en Auvergne-Rhône-Alpes, remplaçant l’ancienne liste établie en 2016 pour le territoire de Rhône-Alpes. L'originalité de ce travail tient à l'application d'une cotation au niveau des associations végétales, groupements et alliances phytosociologiques, soit 1 345 types de végétation recensés sur la période 1970-2020 (50 ans). Cette liste permet d’estimer que 25 % des milieux naturels et semi-naturels de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont menacés et 23 % sont quasi-menacés. Les menaces les plus fortes pèsent sur les milieux humides (grèves humides et mares temporaires, herbiers aquatiques, mégaphorbiaies et prairies de hautes herbes, tourbières, gouilles et bas-marais), mais aussi sur des milieux prairiaux pauvres à moyennement enrichis en éléments nutritifs (pelouses et prairies sèches, pelouses maigres collinéennes et montagnardes, prairies humides et semi-humides). On peut également observer des différences nettes selon les territoires concernant les milieux subalpins, jugés fortement menacés sur la partie occidentale de la région (Massif central), contrairement à la partie orientale (Alpes).
Pour en savoir plus :
- Liste rouge des végétations de la région Auvergne-Rhône-Alpes (version tableur)
- Rapport d'étude
- Synthèse
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Liste rouge de la fonge menacée en Auvergne-Rhône-Alpes (2023)
© FMBDS
Après presque 10 ans d’inventaire des champignons en Auvergne-Rhône-Alpes, la Fédération mycologique et botanique Dauphiné-Savoie avec les soutiens des Conservatoires botaniques nationaux alpin et du Massif central ont publié en 2023 la première liste rouge de la fonge régionale. Le constat est saisissant car, parmi les 9 600 espèces inventoriées, un quart des champignons non lichénisés de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’avère menacé ou quasi menacé et plus de 40 % sont trop peu connus pour déterminer les menaces d’extinction : le chemin qui reste à parcourir pour mieux connaitre cette biodiversité et la préserver est encore long. À l’échelle de la région, ce sont donc 385 espèces de champignons considérées comme menacées, 1 031 espèces si l’on ajoute les espèces quasi-menacées. Cette proportion concorde avec ce qui a été constaté sur la flore, en 2015 par les Conservatoires botaniques nationaux. Plusieurs causes sont d’ores et déjà identifiées mais les épisodes récurrents de sécheresse liés au dérèglement climatique tout comme l’intensification des prélèvements sylvicoles au sein des peuplements forestiers matures, constituent les principaux facteurs de raréfaction des espèces.
Pour en savoir plus :
- Communiqué de Presse Liste rouge de la fonge en Auvergne-Rhône-Alpes
- Livret Fonge en Auvergne-Rhône-Alpes
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Liste rouge des écosystèmes de France - Forêts de montagnes (2025)
La Liste rouge des écosystèmes en France permet d’évaluer le risque de perte de la biodiversité à l’échelle des écosystèmes. Intégrant la dimension fonctionnelle (interactions entre espèces et avec leur environnement) et dynamique de la biodiversité, elle renforce notre capacité de suivi de l’état de la biodiversité et de son évolution sur l’ensemble du territoire français, dans l’Hexagone, la Corse et les Outre-mer. Ce chapitre, auquel a participé le CBN Massif central, porte sur les forêts de montagne, dans l’Hexagone et la Corse.
Parmi les 19 écosystèmes forestiers de montagne analysés, 10 sont jugés "menacés" dont les hêtraies, sapinières et hêtraies-sapinières subalpines (EN - en danger), les forêts mixtes montagnardes atlantiques, acidophiles et neutrophiles (VU - vulnérables), ou encore les pineraies montagnardes acidiphiles à Pin sylvestre (VU - vulnérables), bien représentées sur le Massif central et impactées notamment par une modification des conditions climatiques dans leur aire de répartition. Cependant, ces écosystèmes sont exposés à un cocktail d'autres pressions dont les effets passés et à venir sur les assemblages d’espèces caractéristiques et le fonctionnement de l’écosystème restent encore difficiles à qualifier. Ces forêts hébergent une biodiversité unique, héritée des dernières ères glaciaires avec des populations d’espèces "reliques" adaptées à des conditions extrêmes. Agir en leur faveur nécessite d'adopter de nouvelles pratiques sylvicoles plus respectueuses de la flore autochtone.
- Rapport synthétique - Forêts de montagnes (2025)
- Consultez également le Catalogue des végétations forestières du Massif central , pour connaître en détail chacune des végétations concernées par cette analyse.
Pour la flore vasculaire, les cotations de la liste rouge nationale et des listes rouges régionales sont indiquées dans le Catalogue des taxons du territoire d’agrément du CBN Massif central, mis à disposition sur notre site web, onglet ressources : Accéder aux ressources