Collection « Flore sauvage du Massif central »
Plusieurs centaines d’espèces rares ou identitaires du territoire à découvrir…
Les jardins du Conservatoire botanique accueillent une collection de plusieurs centaines de plantes sauvages représentatives des principaux biotopes du Massif central et des principaux socles géologiques de trois territoires du Massif central. Depuis 2016, cette collection s'est enrichie d'espèces caractéristiques qui constituent le paysage des terroirs, rappellent les savoir-faire et l’artisanat régional ou évoquent des milieux naturels spécifiques, indépendamment de leur rareté…
Histoire de la collection
Créée dès la création du CBN Massif central pour répondre à ses objectifs de conservation et de valorisation du patrimoine végétal régional, la collection "plantes sauvages" a progressivement été constituée, entre 2001 et 2009, par l’introduction de plus de 130 plantes herbacées, rares ou protégées, issues de campagnes de prélèvement sinon de tests de germination effectués dans le cadre des actions de conservation ex-situ (banque de semences). Celles-ci ont été réparties au sein d’espaces paysagers reconstituant les grands types de végétation rencontrés dans le Massif central et aménagés à cet effet.
En 2015, le CBN réfléchit à de nouvelles propositions d'aménagement puis procède à des enrichissements botaniques en 2018 et 2019. Plus de 220 plantes caractéristiques de certaines végétations ou présentant un intérêt patrimonial au sens large du terme sont alors introduites dans les jardins. La quasi-totalité provient de campagnes de prélèvement (semences ou boutures) en milieu naturel grâce à la participation de plusieurs horticulteurs et botanistes (T. Thévenin et V. Bourbon / GRAINE DE VIE, P. Schroeter / OSMIE, M. Richter / BRIN D'HERBE).
À partir de 2021, cette collection fait l'objet de travaux dans le cadre du nouveau projet d'aménagement des jardins du Conservatoire, initié en 2015. Ces travaux visent à faciliter la découverte des collections à travers de nouveaux cheminements et à réaménager celles consacrées aux végétations prairiales (pelouses, prairies, landes) et humides (mares, tourbières...).
Parallèlement aux introductions volontaires menées depuis la création des jardins, de nombreuses plantes autochtones se sont installées au fil du temps. Certaines ont été conservées dans la mesure où leur présence ne portait pas atteinte aux plantes introduites ou enrichissait de manière pertinente les milieux aménagés.
Aujourd’hui, une quinzaine d’années après son installation, cette collection héberge plus d’un demi-millier de plantes issues de prélèvements dans la nature, de tests de germination de la banque de semences du Conservatoire ou de pépinières horticoles, soit 10 % de la flore régionale.
Des parcours pour découvrir la collection
Deux circuits balisés permettent aujourd’hui de découvrir cette collection répartie à travers 13 espaces paysagers.
Le premier circuit « Flore et milieux naturels du Massif central » (700 m - 1h30) propose de découvrir, sur l’ensemble du site, une collection d’environ 600 plantes sauvages, réparties sur plusieurs zones représentatives des principaux biotopes du Massif central (rochers, pelouses, prairies, landes, lisières, milieux forestiers, zones humides, champs de culture…).
La plupart des espèces présentées possèdent un intérêt patrimonial : soit parce qu’elles sont rares et ou protégées, soit parce qu’elles s’avèrent caractéristiques du Massif central. On y retrouve par exemple des espèces aussi originales que le Genêt horrible (Echinospartum horridum), la Cardamine digitée (Cardamine pentaphyllos), l’Hellébore verte (Helleborus viridis), l’Œillet superbe (Dianthus superbus), la Fétuque d’Auvergne (Festuca arvernensis) d’autres évoquant des milieux naturels caractéristiques du Massif central (tourbières, sources salées, pelouses basaltiques...), ou bien encore des espèces « emblématiques » de certains paysages et terroirs locaux (narcisse, jonquille, sauge...) ou rappelant les savoir-faire et l’artisanat régionaux (gentiane jaune, fenouil des alpes...)…
Le second circuit « Spirales végétales » (600m - 45mn), conseillé aux personnes à mobilité réduite, emmène le public au cœur des jardins du Conservatoire où trois espaces circulaires bâtis en pierres sèches accueillent quelques plantes emblématiques des paysages et végétations du Massif central.
Ces plantes sont présentées à travers trois ensembles de roches dominantes du Massif central : roches volcaniques (basalte), roches sédimentaires (calcaire, marne...), roches plutoniques et métamorphiques (granite) et selon la dynamique naturelle des végétations (de la roche nue vers le boisement...).
Un rôle pédagogique essentiel
Des étiquettes, des panneaux d'information mais aussi une interface interactive renseignent les visiteurs sur les plantes et végétations présentées, sur la fragilité de certains écosystèmes. Ils visent à susciter la curiosité pour le monde végétal et invitent à s'impliquer dans la préservation de la diversité végétale notamment par le changement de comportements et de pratiques.
Ces dispositifs renseignent également sur ce qui constitue la patrimonialité, la typicité de certaines plantes et végétations, voire certains paysages, identitaires ou caractéristiques du territoire. Ce lien au territoire est crucial dans notre approche pédagogique car il touche à la sensibilité personnelle, à l'histoire collective, aux valeurs et traditions locales. Il évoque la mémoire des lieux et suscite une attention particulière du public quant à la préservation d'un patrimoine biologique mais aussi immatériel (exploitation de la gentiane jaune, par exemple).
L'approche écosystémique à travers les parcours proposés suggèrent également aux visiteurs les liens entre les espèces mais aussi les services rendus par la nature (dépollution, lutte contre l'érosion, filtration de l'eau, fourniture d'oxygène etc.), et de ce fait, introduit les notions de bien communs dont la préservation s'avère indispensable. Cette approche introduit également les notions complexes de dynamique des populations et des végétations, les notions de climax et de séries végétales, ou encore les évolutions dans l'espace et dans le temps, et l'équilibre naturel alternant des phases de constructions et déconstructions, les cycles de la matière, les bouleversements à l'échelle géologique, l'évolution du vivant...
En prolongement pédagogique, ces espaces sont aménagés pour constituer des supports de formation et d'apprentissage à destination des professionnels comme des scolaires. À cet égard, un soin particulier est apporté à l’étiquetage, la signalétique et l'entretien des aménagements pédagogiques et des collections pour que l'ensemble des espèces d'intérêt soient aisément visibles et conservées à long terme.
Des collections d’intérêt scientifique
Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de conservation de plantes menacées d'extinction menée par le CBN, les plantes faisant l'objet d'opérations de collecte et stockage de semence, de tests de germination ou de renouvellement des stocks de graines, peuvent être implantées dans les différents espaces des jardins selon les conditions écologiques appropriées.
Outre la conservation de leur patrimoine génétique, cette culture dans les jardins permet d'étudier le comportement des plantes dans le cadre de mesures compensatoires pour le déplacement d’espèces protégées ou encore de programmes de végétalisation. Elle sert également à améliorer les protocoles de suivi scientifique (essais de cultures, études phénotypiques de populations cultivées en jardin commun, suivi phénologique, mycorhization).
Un « cahier d’accession » compile et archive l'histoire des plantes introduites et supprimées sur le domaine, depuis la création du Conservatoire. Il assure la traçabilité la plus complète quant à l'origine géographique des plants mères, particulièrement dans la perspective de travaux conservatoires pour lesquels le patrimoine génétique aurait son importance.