Fonge

La fonge rassemble un pan de biodiversité particulièrement vaste, englobant notamment les champignons et les lichens, des micro-organismes unicellulaires (levures) jusqu’aux « champignons supérieurs » dont les chapeaux colorés sont bien connus de tous. Leur diversité (notamment celle des microorganismes) est telle qu’il est difficile voire impossible d’aboutir à un recensement exhaustif ; 120 000 espèces distinctes environ sont néanmoins actuellement répertoriées au niveau mondial, selon les différentes bases de données internationales (Index of Fungi, Mycobank).

Ainsi, bien que la prise en compte du patrimoine fongique parmi les missions des CBN soit relativement récente, la capitalisation de près de 84 000 observations fongiques issues principalement d’associations mycologiques et lichénologiques, d’experts indépendants ou de travaux d’inventaires spécifiques conduits par le CBN Massif central ont permis d’aboutir à un catalogue de plus de 6 000 espèces de champignons et de lichens décrits sur le territoire d’agrément du Massif central. La récente liste rouge des champignons menacés d’Auvergne-Rhône-Alpes s’appuyait quant à elle sur plus de 9 600 espèces de champignons non lichenisés recensées sur la région !

Si la Girolle (Cantharellus cibarius), le Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) ou la Chanterelle en tube (Craterellus tubaeformis) sont connus de tous et font l’objet de cueillettes importantes sur le territoire suscitant l’attention de la police de l’environnement, d’autres espèces sont aussi caractéristiques du Massif central telles que la Russule charbonnière (Russula cyanoxantha), le Pied-de-mouton roux (Hydnum rufescens), l’Amanite tue-mouches (Amanita muscaria), le Bolet à Pied rouge (Neoboletus erythropus), l’Amanite rougissante (Amanita rubescens), l’Anthurus d’archer (Clathrus archerii), le Bolet jaune (Suillus luteus), le Cortinaire remarquable (Cortinarius praestans), la Fausse Girolle (Hygrophoropsis aurantiaca) ou l’Hygrophore des bois (Hygrophorus nemoreus), particulièrement bien présentes. D’autres espèces plutôt inhabituelles en France peuvent également être observées : le Bolet royal (Butyriboletus regius), le Bolet pomme de pin (Strobilomyces strobilaceus), le Polypore pied-de-chèvre (Scutiger pes-caprae), le Bolet hybride (Suillus bresadolae), la Verpe de Bohême (Verpa bohemica), le Lentin coquillage (Panus conchatus) sont quelques-unes des espèces singulières qu’il est possible de rencontrer sur le territoire du Massif central. 

Dans le cadre de sa nouvelle stratégie (2025-2035) et de l’élargissement de ses missions sur la Fonge, le CBN Massif central entreprend des travaux d’inventaires pour compléter cette connaissance et contribuer aux actions de conservation. Comme pour les bryophytes ou la flore vasculaire, et en premier lieu en faveur des lichens, le Conservatoire botanique contribue au développement et à la mise à jour d’un référentiel taxonomique au sein de son système d’information dans la perspective de rassembler et analyser les données existantes, permettant à terme de contribuer ainsi à une stratégie de développement des connaissances en fonction des lacunes et des besoins. Il apporte aux spécialistes régionaux (mycologues, lichénologues…) les infrastructures opérationnelles de son système d’information en termes de gestion et d’exploitation des données. 

Ce socle de connaissances participera ensuite à la mise en œuvre de politiques de préservation spécifiques. En effet, la fonge est tout autant menacée que la flore par la destruction ou l’altération de ses habitats (surexploitation forestière par exemple) sinon par le changement climatique… C’est le cas, par exemple, du Bolet des Émile (Baorangia emileorum), espèce méditerranéenne thermophile affiliée aux chênes et aux châtaigniers considérée en danger d’extinction en Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) ; de l’Amanite d’Émile (Amanita emilii), espèce semblable à l’Amanite tue-mouches considérée en danger critique d’extinction en AURA ; de la Pézize des neiges (Peziza nivalis), espèce nivicole alpine printanière dont le réchauffement climatique affecte la période de reproduction, la plaçant parmi les espèces en danger d’extinction en AURA ; du Lactaire des marais (Lactarius helodes), en danger critique d’extinction en AURA et dont l’habitat, les bétulaies tourbeuses à sphaignes, est menacé par le réchauffement climatique, ou encore du Bolet cuivré (Imperator luteocupreus), en danger d’extinction en AURA et quasi-menacé d’extinction à l’échelle nationale… Ces exemples d’espèces méritent toute l’attention du CBN et des acteurs de la conservation de la nature tant le Massif central porte une responsabilité forte au regard de la répartition et de la rareté de ces espèces. À ces égards, et de manière complémentaire, le CBN Massif central porte de nombreuses actions en faveur des habitats forestiers. 

En images