Accompagnement des habitants et acteurs du territoire

Accompagnement des habitants et acteurs du territoire

Accompagnement des habitants et des acteurs du territoire vers l’acquisition d’une culture de la nature, l’émergence d’une responsabilité collective et l’adoption de pratiques écoresponsables en faveur de la diversité végétale et fongique caractéristiques

Jamais les connaissances naturalistes du territoire n’ont été aussi détaillées et partagées dans l’Histoire. Si ces connaissances sont mieux prises en compte dans les procédures et plans d’aménagement, force est de constater une déculturation naturaliste progressive des habitants du territoire tandis que les outils de partage se sont multipliés (flore, applications mobiles, sites web…). L’enclavement des bassins de vie dû au relief du territoire, l’hyper-concentration des médias régionaux, la fatigue mentale et le désintérêt face au surcroît d’information (lassitude informationnelle), et la défiance envers les travaux scientifiques, le développement de l’éco-anxiété, l’hyper-connexion numérique (jeunes générations notamment) ou encore l’absence d’expériences d’activités et de séjours en nature, sont autant de tendances qui éloignent les publics de la connaissance du patrimoine naturel et l’appropriation de ses enjeux de préservation. Plus encore, l’amnésie environnementale, c’est-à-dire l’oubli, au fil des générations, d’un contexte de vie dans lequel la nature était davantage présente, contribue à propager l’idée que la nature ne serait d’aucune utilité pour l’Homme ni pour la vie sur Terre. Ces tendances contraignent significativement les efforts de sensibilisation et de médiation du CBN Massif central et, plus encore, la compréhension et l’acceptabilité de ses actions de préservation en faveur du patrimoine naturel local.


En outre, les habitants du Massif central font preuve d’un réel attachement à leur lieu de vie et sa qualité environnementale. Le territoire est incontestablement le lieu d’expression d’une multitude d’activités artisanales, culturelles et sportives plus ou moins dépendantes du patrimoine végétal et fongique : les sentiers de grande randonnée et les anciennes voies de transhumance, les villes thermales et le volcanisme, les grands espaces herbagers et les AOP fromagères, les forêts et leurs cueillettes de baies et champignons, le patrimoine roman et occitan, etc. constituent des points d’attraction forts et des atouts patrimoniaux évidents. Ils ouvrent la voie à d’autres formes de médiations sur la diversité végétale du CBN Massif central en faisant le lien avec le patrimoine présent, bien au-delà des aspects strictement scientifiques (endémisme, originalités botaniques…) connus seulement des naturalistes. L’artisanat, le sport et la culture sont des outils de médiation par excellence car ils mobilisent le sensible avant l’intellect, la perception avant la compréhension, et peuvent, par conséquent, permettre au CBN de s’adresser à un plus large public de manière indirecte.

Si le CBN s’est jusqu’alors attaché à « parler au cerveau », c’est-à-dire à justifier sans cesse son action par l’apport de connaissances scientifiques chiffrées et sérieuses auprès des publics, il y a lieu aujourd’hui à « parler aussi au cœur ». Reconnecter les individus au vivant par des expériences de pleine nature ; valoriser la diversité végétale comme source d’émerveillement et d’accomplissement personnel, comme point d’ancrage identitaire dans un territoire au patrimoine emblématique,… sont autant de pistes qui peuvent compléter l’apport de connaissance et faciliter, par une approche sensible, une plus grande prise de conscience des grands enjeux auxquels sont ou seront confrontés la diversité végétale et les habitants du territoire durant les prochaines décennies.


Outre les approches intellectuelles et sensibles, il faudra également au CBN « parler davantage au corps », c’est-à-dire à mettre en mouvement les publics abordés par les approches sensibles et intellectuelles, et désirant agir concrètement en faveur de la biodiversité. Informer, former et accompagner les habitants et acteurs du territoire susceptibles d’agir sur les milieux naturels à travers leurs pratiques professionnelles ou récréatives ; valoriser et montrer l’exemple d’expériences et de pratiques respectueuses et reproductibles par tous ; valoriser les « solutions fondées sur la nature (le végétal) » ; voilà d’autres enjeux forts qui doivent conduire le CBN à travers sa stratégie de communication et médiation des publics.

La sixième extinction de masse se déroule sous nos yeux et le Massif central ne fait pas figure d’exception : rappelons qu’un quart de la flore, environ, est menacé dans chaque région du territoire. En somme, la (ré)acquisition d’une culture de la nature, l’émergence d’une responsabilité collective et l’adoption de pratiques écoresponsables en faveur de la diversité végétale et fongique caractéristiques du Massif central constituent un enjeu capital, complémentaires voire préalables à toutes les actions de préservation et conservation engagées par le CBN Massif central. Elles participent à une autre vision de la société de demain, où la réconciliation entre l’être humain et le vivant peut être espérée.

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