Valorisation et mise en œuvre de solutions
La nature comme source de solutions pour restaurer la biodiversité en territoire artificialisé, améliorer la santé environnementale et lutter contre le changement climatique
Ces dernières années, à proximité des grandes agglomérations, les espaces naturels, semi-naturels ou agricoles ont laissé place à des zones commerciales, résidentielles ou de loisirs au rythme de 60 000 ha convertis par an. Si le Massif central paraît peu fragmenté eu égard à d’autres régions voisines tant le regard est rapidement absorbé par les grands espaces, il est utile de rappeler qu’une trentaine d’aires urbaines hébergeant environ 4 millions d’habitants occupent plus de 5% de sa surface dont 1 % totalement imperméabilisé ! Limoges, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne constituent les trois pôles urbains majeurs auxquels Lyon, Montpellier et Toulouse contribuent même si ces trois métropoles se situent davantage en périphérie. Bien souvent, les zones naturelles proches de ces zones urbaines, peu valorisées des points de vue économiques et récréatifs c’est-à-dire ni agricoles ni habitées, sont les premières à pâtir de projets d’aménagement divers. En France, l’étalement urbain et le développement des infrastructures minières, énergétiques, industrielles et de transport constituent la deuxième cause de régression de la diversité végétale en France. Ces transformations de l’espace provoquent, entre autres, la fragmentation des écosystèmes, l’imperméabilisation des surfaces, ou encore la pollution du sol et des eaux. Indirectement, ces nouvelles surfaces artificialisées, lorsqu’elles ne sont pas imperméabilisées, voient leur flore se banaliser ou pire, disparaître au profit de plantes exotiques envahissantes telles que les renouées, l’ambroisie, l'ailanthe ou le robinier, qui contribuent à leurs tours aux crises écologiques et sanitaires. Dans le Massif central, les limagnes du Puy-de-Dôme et de l’Allier, la vallée du Rhône et le Bas-Vivarais constituent les secteurs les plus vulnérables à ces égards.
Concomitamment à l’accroissement de l’artificialisation des terres, l’impact du réchauffement climatique (notamment les épisodes caniculaires), la gestion de la ressource en eau (rechargement des nappes, crues…) et la progression de certains troubles psychologiques et sanitaires (dépression, éco-anxiété, épidémies virales…) ont progressivement amené les politiques d’aménagement du territoire à repenser la place du végétal, notamment en ville. Création d’îlots de fraîcheur et de jardins de pluie ; revégétalisation de surfaces (toitures, murs…) ; biodiversification et extensification des espaces verts, mais aussi phytoépuration, phytoremédiation sont autant de solutions fondées sur le végétal ayant connu un essor significatif au cours des dix dernières années. Ces actions, aujourd’hui mieux acceptées par les habitants, doivent encourager le CBN à poursuivre leur développement.
Le développement de certaines activités minières et la poursuite de grands projets d’infrastructures de transport et de production énergétiques constituent de nouvelles menaces sur la biodiversité tout comme l’extension continue des zones résidentielles aux abords des agglomérations. Les biens sectionaux et autres propriétés collectives, souvent épargnés par l’agriculture et la sylviculture intensives et recélant généralement des espèces et végétations remarquables, seront tôt ou tard sujets à l’installation de parcs éoliens et photovoltaïques, seules activités rémunératrices – a priori - pour ce type d’espaces.
Ces tensions doivent inciter le CBN à s’investir davantage dans les politiques d’aménagement du territoire (Schémas de cohérence territoriale, Plans locaux d'urbanisme) et surtout l’inciter à développer de nouveaux outils permettant de partager les enjeux de conservation de la diversité végétale et fongique auprès des pouvoirs publics, des collectivités et des aménageurs de manière à éviter, réduire ou compenser leurs impacts. Il est indispensable que les aménagements intègrent dès leur conception un haut niveau d'exigence par rapport à la prise en compte de la biodiversité et des trames écologiques qui les régissent (corridors écologiques) et que les collectivités commanditaires soient nourries par un porter à connaissance efficace et adapté à leurs territoires de compétence.
Mais plus largement, le CBN doit aussi valoriser le patrimoine végétal au-delà de sa valeur intrinsèque. L’étude et la valorisation des services écosystémiques et des solutions apportées par des végétaux d’origine sauvage et locale pour restaurer les sols, purifier l’air et l’eau, préserver les zones résidentielles des inondations et des canicules, décarboner les matériaux de construction, lutter contre les espèces exotiques envahissantes, renaturer les lieux de vie et améliorer la santé des habitants représentent à moyen terme un ensemble d’enjeux forts si le CBN tient à faire en sorte que le végétal soit mieux accepté et pris en compte dans les politiques d’aménagements, aussi bien par leurs créateurs que leurs utilisateurs. Le lien entre les habitants et la nature, c'est-à-dire le défi de donner à la biodiversité une place centrale dans les zones d’habitation, est une idée réellement enthousiasmante car elle mise sur une meilleure qualité de vie et une meilleure santé globale apportée par l’omniprésence du végétal. L’expertise du CBN (palettes végétales, Végétal local…) sera alors fort utile aux collectivités souhaitant assurer cette transition écologique tant attendue, en particulier dans le choix des végétaux à préserver et/ou à valoriser pour répondre aux attentes.
En somme, la valorisation et la mise en œuvre de solutions fondées sur le végétal permettant de favoriser la reconquête de la biodiversité dans les territoires fortement artificialisés, d’améliorer la santé environnementale et de lutter contre le changement climatique est un enjeu fort auquel le CBN doit pouvoir répondre.