Préservation de la flore, végétation et écosystème

Préservation de la flore, végétation et écosystème

Une attention singulière du CBN en faveur des espèces, des végétations et écosystèmes uniques au Massif central

Les travaux de caractérisation et d’inventaire ainsi que les récentes listes rouges nationales et régionales ont mis en évidence la fragilité de la diversité végétale et fongique du Massif central. 40 % des quelques 2 500 plantes vasculaires évaluées dans le cadre des listes rouges régionales s’avèrent menacées ou quasi-menacées dans au moins une des trois ex-régions administratives (Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes) : 29 % en Limousin, 28 % en Auvergne et 23 % en Rhône-Alpes. 19 taxons sont d’ores et déjà considérés comme disparus à l’instar de la Cuscute du lin, du Sabot de Vénus, ou de la Nigelle des champs. Dans le même ordre d’idée, un tiers des bryophytes de Rhône-Alpes (36,4 %) et 10 % des champignons se montrent menacés (catégorie CR, EN et VU). Et pour les végétations le constat est tout aussi alarmant : 25 % des végétations connues en Auvergne-Rhône-Alpes sont menacées et autant le sont quasiment ; une végétation sur deux est ainsi menacée ou quasi-menacée !

Ces travaux mettent en évidence les espèces et les végétations pour lesquelles le CBN Massif central porte une responsabilité singulière.

Les sources salées, les travertins et tufs calciques, les mares de plateaux basaltiques, les végétations rupestres ou subalpines, les gazons amphibies des lacs et ruisseaux de montagne, les végétations messicoles ou encore les forêts bordant les grandes rivières sont quelques exemples de végétations singulières hébergeant une flore rare et remarquable. On y rencontre la Renoncule à fleurs latérales, la Saxifrage à feuilles d’épervière, les Isoètes, l’Epipactis du castor, le Lycopode inondé, la Ligulaire de Sibérie, la Centaurée de Lyon, le Pin de Salzman, le Bouleau nain, ou encore la Jasione crépue d’Auvergne, et nombre d’autres espèces (y compris mousses, lichens et champignons) dont les principales stations sont connues sur le Massif central. Cette biodiversité est « irremplaçable » car unique au territoire.


Pour préserver cette biodiversité, des actions ciblées sur des espèces demeurent parfois justifiées mais une approche globale à l'échelle de l'habitat ou de l'écosystème permet souvent de préserver un plus grand nombre d'espèces.

En raison des missions confiées au CBN Massif central, il est évident que la restauration, la préservation, le suivi et la valorisation de la diversité végétale et fongique pour lesquelles le Massif central porte une responsabilité territoriale forte, constitue un enjeu déterminant. La mise en œuvre de plans d’actions territoriaux, biogéographiques (PRA, PBAC) ou nationaux (PNA) en faveur de ces éléments rares de la diversité végétale et fongique nécessite la mobilisation de moyens humains, techniques et financiers exceptionnels pour parvenir à leur réussite. À cet égard, l’amélioration des connaissances et la rédaction de stratégie de conservation sont souvent des préalables indispensables pour hiérarchiser les priorités et affecter les moyens de manière judicieuse. Dans un contexte où le changement climatique et l’érosion massive de la biodiversité nous invitent à l’urgence, il s’agit en effet de consacrer les efforts aux éléments les plus remarquables ET menacés, et donc à faire des choix.

Ces plans d’actions sont également impossibles sans une animation territoriale particulièrement suivie, visant notamment à établir une synergie entre les pouvoirs publics, les gestionnaires et les propriétaires concernés. Ils s’inscrivent sur un temps long pour permettre la concertation des parties prenantes, les études complémentaires, l’expérimentation de travaux de restauration, de renaturation ou de renforcement de populations, ou encore une communication particulière visant à mobiliser les soutiens nécessaires. Ils s‘appuient enfin nécessairement sur une logistique lourde, tant pour les opérations de conservation in situ (travaux de restauration de végétation, par exemple) que pour les opérations de conservation ex situ (prélèvement et stockage de semences, par exemple).


Plus largement, les travaux de hiérarchisation des enjeux floristiques, fongiques et de végétation portés par le CBN constituent des bases solides pour argumenter la révision des listes d’espèces et de végétations protégées par voie réglementaire, au niveau régional comme aux niveaux national et européen. Cette révision constitue un autre enjeu fort tant les anciennes réglementations s’avèrent inadaptées aux réalités du territoire.

Mais au-delà des intérêts scientifiques et écologiques, la préservation de certaines espèces ou espaces « locales » concourt à la préservation de « l’identité » ou de la singularité d’un territoire auquel les habitants peuvent attacher une grande importance. Ainsi, la préservation de certaines composantes phares de la biodiversité régionale peut ou doit être l’occasion d’emporter le plus large public vers un futur désirable et enthousiasmant…